Paris est une ville merveilleuse, surtout pour une petite fille comme moi. Je ne née et y ai toujours vécut, avec mes parents et mon adorable petite sœur Cléo. Nos parents faisaient tout pour nous. Chaque hivers, nous allions admirer les lumières de noël sur les Champs Elysées, ou bien nous promener le long de la seine lorsque la neige recouvrait le sol; et l'été nous allions régulièrement pique-niquer sur les Buttes Chaumont. J'assistais à un cours de danse trois fois par semaine, et ma famille était présente à chacune de mes représentations. C'est une sensation magnifique que de danser et voir les regards fiers de vos parents, et votre petite sœur avec un large sourire et des yeux qui brillent tellement elle aimerait devenir comme vous. Je prenais plaisir à lui apprendre la danse, et il nous arrivait souvent de rester dans le salon à danser durant plusieurs heures.
Je suppose qu'une petite vie parfaite, ce n'est pas fait pour durer. Il faut laisser du bonheur aux autres. J'aurai simplement aimer que le lien ne s'arrête pas alors que j'avais à peine quinze ans.
Je venais d'être engagée pour danser dans un grand théâtre parisien, de l'un de ceux qui ferait rêver n'importe quelle jeune fille désirant devenir une Étoile. Vous imaginez, sous les feux de la rampe, le théâtre plein de spectateurs venus rêver pendant une heure, et au milieu d'eux, ma petite famille. Cela aurait été un rêve qui se réalise, si on ne nous avait pas annoncé que Cléo était atteinte d'une maladie. On peut penser qu'à cet âge, on ne comprend pas très bien tous ces mots techniques que seuls les médecins comprennent. Et pourtant ce jour-là, j'ai compris que j'allais perdre ma sœur. Un an, il lui restait seulement un an à vivre. Comment réagit-on dans ces cas là? Est-ce qu'on est si triste qu'il nous est impossible d'être heureux? Ou bien est-ce que l'on profite de chaque jours jusqu'au dernier? C'est ce que nous avons fait. Mes parents travaillaient à mi-temps afin de passer le plus de temps possible avec leur fille. Moi je pensais que nous pourrions faire en un an ce que nous aurions fais durant toute vie, mais avouons-le, ce n'est pas possible. Le temps ne s'arrête pas, il file à toute vitesse, et avant même que vous vous en rendiez compte, vos parents viennent vous annoncer en pleurs que votre petite sœur est devenu un ange et qu'elle est maintenant heureuse. Et puis ils vous prennent dans leurs bras, et alors arrive le plus douloureux moment de votre vie. Mais ma vie, on venait de me l'arracher.
Il m'a fallu apprendre à vivre avec cette partie de moi qui n'était plus là, et croyez-moi, il n'y a rien de plus difficile. L'année qui a suivis son décès a été plus difficile que je ne l'aurai pensé. Je ne voyais plus personne, je pleurai tous les soirs, et j'en voulais au monde entier de me l'avoir enlevée. Heureusement, papa et maman étaient là pour moi, et tous ensemble, on a réussis, petit à petit, à surmonter cette épreuve. Et lorsqu'on a souffert, on se dit qu'une fois cette période passée, la vie sera plus clémente avec nous. Et bien non, ce n'est pas vrai. Elle s'acharne sur vous, sans que vous ne puissiez rien y faire, et décide de vous arracher vos parents dans un accident de voiture. Bordel de vie, jamais je n'aurai imaginé tout ça. Et pourtant c'était bien réel, j'étais seule. Toute seule. Avec pour seule famille ma tante Jane, la sœur de mon père. Mais malgré tous ses efforts, j'avais perdu goût à la vie, je savais qu'elle ne ferait que me faire souffrir, et je souhaitais seulement retrouver ma sœur et mes parents.
Et puis j'ai fais la rencontre de Natalia, j'avais dix-sept ans et pour la première fois, elle me proposait une solution pour ne plus souffrir. Grâce à la drogue, j'avais parfois l'impression que ma famille était là. Je les sentais près de moi. Mais ce n'était qu'une illusion. Mais j'aimais ça, cette sensation qui se répandait en moi, cette impression d'être heureuse. A dix-huit ans j'ai touché mon héritage, la possibilité pour moi d'avoir toujours plus de drogue, d'alcool. Je fréquentais seulement des personnes comme moi, je ne pensais qu'à faire la fête. Je ne dansais même plus. Pour moi, l'important c'était de s'échapper de ce monde horrible.
Jusqu'à ce jour, celui qui m'a permis de me rendre compte à quel point j'avais de la chance d'être encore en vie. J'étais seule dans mon nouvel appartement, terriblement vide même si avec toute cette putain de drogue, j'avais l'impression qu'ils étaient là. Jusqu'à ce que je tombe, évanouie sur le sol, de la poudre sur ma table basse. Overdose. Pourtant, je pensais que ça n'arrivait qu'aux autres. Mais non, voilà, j'allais mourir à mon tour sans avoir pris la peine de profiter de ma chance d'être en vie.
Finalement, il s'avéra que la chance avait tourné, que la vie voulait se faire pardonner de m'avoir fais autant souffrir. Les médecins me soignèrent, et un mois plus tard, je sortis de l'hopital, avec la sensation qu'on m'aurait une seconde vie. Je n'avais pas l'intention de la gâcher, mais pour cela, il fallait que je parte loin, très loin. Montréal fut mon premier choix, et le temps de préparer mes affaires, et j'étais partie.
C'était bon d'être dans une nouvelle ville, j'allais pouvoir recommencer à zéro. Peut-être même reprendre la danse et réaliser mon rêve.
C'est ici que j'ai rencontré Démétri, ce jeune homme arrivé de nul part, avec ses yeux brillants et ce sourire terriblement craquant, et cette façon de parler qui vous donne envie de discuter avec lui pendant des heures. Il lui a suffit de m'inviter prendre un café pour que je sois de nouveau la jeune fille pleine de joie de vivre que j'étais lorsque j'étais plus jeune. J'aimais le voir, j'aimais le temps que l'on passait ensemble, et surtout, j'aimais la façon dont il me regardait. Pourtant, il a fuit. Une simple tentative d'un baiser, et plus aucune nouvelle. Et surtout, aucune explication.